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Même Augustin s’est retrouvé confiné !

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Logo Augustin 11 ans © Angibous-Esnault Ch., 2010

La nouvelle période de confinement de l’automne 2020 permet de retrouver Augustin. Pourquoi ? Quel rapport ? Parce qu’au début de l’année, sollicitée par des amis auteurs avec qui j’avais fréquenté à des moments variés des masterclasses communes, j’ai participé à un recueil de nouvelles sur le thème de l’événement sanitaire qui a bouleversé le monde ce printemps-là. Il en est sorti une histoire dont Augustin est le héros.


Augustin confiné à la maison

Je vous invite à la découvrir dans Histoires de confinés, le recueil du collectif Les Auteurs Masqués, puis à la comparer avec celle qui suit. En effet, pour le concours Émergences proposé par La Charte des Auteurs et Illustrateurs Jeunesse, j’ai voulu garder la même histoire, mais je me suis pliée à l’exercice de la réécrire dans un calibrage beaucoup plus contraignant, passant de 15 000 caractères pour Enfermé, dessous, dessus ! à 5 000 caractères et un incipit imposé pour Le cheval de feu.
Aujourd’hui je vous livre cette histoire. J’espère que vous l’aimerez.

Le cheval de feu

« La preuve était là, sous mon nez ! Le grand cheval pouvait prendre vie en utilisant les restes du feu savamment préparés ! »
Cette étrange pensée lui semblait totalement irréelle. Gus regardait tour à tour ses doigts noircis par le charbon de bois, la paroi aux nuances d’ocre, la courbe de l’échine dessinée d’un unique et large trait et le reste du corps qui petit à petit apparaissait sous ses yeux.
— Gus, tu rêves ?
Sur son échafaudage de bois et de cordes, son père l’interpellait.
— Gus !
L’enfant abandonna son dessin.

— …gustin ! Augustin ! appelait une voix douce et insistante.
Augustin sentit qu’on lui touchait l’épaule. Il essaya d’ouvrir les yeux mais la lumière transperçait son cerveau. La voix reprit :
— Mon chéri, tu nous a fait si peur !
Il voulut répondre, mais gémit. Tout son corps lui faisait très mal.
Sa mère lui prit la main.
— Ne bouge pas, on t’emmène à l’hôpital. Tu n’as rien mais il faut te reposer.

— Tu ne te souviens pas ? Tu es tombé au fond d’un trou dans le maquis. Ce sont les pompiers qui t’ont récupéré.
— Manon ? Octave ?
— Tes amis vont bien. Ce sont eux qui ont alerté les secours. Tu nous raconteras ce qu’il t’est arrivé. Je rejoins ton père à l’hôpital.
Augustin ferma les yeux. Des images lui revenaient : la course poursuite avec ses amis dans les fourrés de la montagne, puis le bruit étrange, sec et répété, le tintement des cailloux roulant sur eux-mêmes et une sorte de souffle rauque qui se déplaçait. Il avait voulu voir de quoi il s’agissait.
— Ça va, mon pote ?


Augustin transporté à l'hôpital / CC BY wavebreakmedia_micro sur Freepik.com

Octave s’était approché de la civière. Augustin sourit. Si ses amis étaient là, tout allait bien.
Lapin sortant d un trouAugustin se rappela soudain le chevreuil surgissant des chênes lièges. Surpris, il était tombé à la renverse et avait glissé un long moment, griffé par les bruyères sèches, coupé par les arêtes pierreuses, englué dans les brindilles résineuses. Au moment où il s’immobilisait enfin, le sol s’était dérobé sous lui. Il avait chuté dans le noir sur un tas de feuilles mortes. Augustin avait pesté comme un diable en mesurant la situation : des contusions partout, peu de chance d’être entendu au fond de ce trou, pas de réseau téléphonique, rien pour s’accrocher et remonter.


Ballotté sur sa civière malgré les précautions des pompiers, Augustin gémit en faisant des grimaces. Manon lui attrapa la main et murmura :
— Raconte ! C’est quoi cette histoire de cheval ?
— Quel cheval ?
— Bah, je ne sais pas ! Tu n’arrêtais pas de dire : « Mon cheval, mon cheval ! » lorsqu’on t’a remonté. Tu as même ajouté : « Le noir, le feu ». Je n’ai rien compris.
Augustin ferma les yeux. Il ne comprenait pas non plus. Il se souvenait seulement qu’il avait tenté de trouver une issue. Il s’était enfoncé dans un diverticule de la grotte en éclairant les lieux avec son smartphone. C’est alors que…
— Ça y est ! lança-t-il d’une voix rauque suivie d’un grand « Aie ! ». Je me souviens !
Manon et Octave se penchèrent, avides d’en savoir plus.
— Vous n’allez pas me croire ! En cherchant une sortie, j’ai vu des traces noires bizarres sur les parois de la grotte. C’était mélangé aux concrétions, pas facile à distinguer. Et tout d’un coup, je les ai vus !
— Quoi ? firent en chœur ses amis.
— Les mammouths, les aurochs, le cheval !
Manon et Octave se regardèrent, incrédules.
Augustin s’agita :
— Les peintures ! Les peintures préhistoriques ! Il y en avait partout !
Devant son soudain silence, les deux amis insistèrent :
— Et alors ?
— Ma lampe s’est éteinte. Plus de batterie. Noir complet. Je ne savais plus où j’étais !

Augustin frissonna. Un souvenir glacial l’envahit. Il se remémorait le froid brutal et mouillé de la paroi, les odeurs suaves de la grotte et la résonance incessante des gouttes. Il avait perdu ses repères. Tout s’était brouillé. Il avait alors hurlé, puis plus rien.
Les pompiers installèrent la civière sur le rail et les portes de la camionnette se refermèrent. Augustin se retrouva dans la pénombre avec le plafond pour seul horizon. Il repensa aux peintures. « Quelle chance que ce chevreuil m’ait surpris ! Quelle magnifique découverte ! »
— Ça va, jeune homme ? lui demanda le pompier assis près de lui.
Augustin sourit autant qu’il put.
— Parfaitement bien ! affirma-t-il.


Grotte Chauvet 2 : Panneau des Chevaux / CC BY-SA Claude Valette, 2016 sur Wikimedia Commons

Lui revenaient maintenant les bribes du rêve qui avait accompagné son attente léthargique dans le noir. Il ferma les yeux et rejoignit avec délice son double préhistorique…
— Gus ! Approche, mon fils ! Aujourd’hui, c’est toi qui vas fixer pour l’éternité le grand cheval qui nous a offert sa force et son âme à la chasse.
L’enfant posa sa lampe à graisse. Il prit le noir récupéré au feu de la tribu et le délaya dans de l’eau. Il trempa, dans le godet, un gros toupet de crins ligaturés sur un bâton, et, guidé par son père, fit un large geste, révélant l’échine, les pattes puis l’animal dans son entier. Il frémit, regardant tour à tour le noir et le dessin. Son père disait vrai. La preuve était là. Le cheval pouvait prendre vie en utilisant simplement les restes du feu !

Remerciements

Merci à Jean-Olivier Gransard-Desmond, archéologue, pour ses conseils scientifiques en matière de peintures pariétales et de grottes ornées.

Pour aller plus loin


Couverture du volume 1 de Histoires de confinés


Couverture du recueil Histoires de Tolérance

Après cette première édition, le collectif a repris le plume pour écrire sur la Tolérance avec

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