/*! elementor - v3.12.1 - 02-04-2023 */ .elementor-heading-title{padding:0;margin:0;line-height:1}.elementor-widget-heading .elementor-heading-title[class*=elementor-size-]>a{color:inherit;font-size:inherit;line-height:inherit}.elementor-widget-heading .elementor-heading-title.elementor-size-small{font-size:15px}.elementor-widget-heading .elementor-heading-title.elementor-size-medium{font-size:19px}.elementor-widget-heading .elementor-heading-title.elementor-size-large{font-size:29px}.elementor-widget-heading .elementor-heading-title.elementor-size-xl{font-size:39px}.elementor-widget-heading .elementor-heading-title.elementor-size-xxl{font-size:59px}

Faut-il donc que tout soit parfait ?

/*! elementor - v3.12.1 - 02-04-2023 */ .elementor-widget-image{text-align:center}.elementor-widget-image a{display:inline-block}.elementor-widget-image a img[src$=".svg"]{width:48px}.elementor-widget-image img{vertical-align:middle;display:inline-block}


Depuis la dictée d’Édouard Baer, Tous prêts pour la dictée, sur France 3 le 6 mai 2020, et le tollé qui en a suivi, j’ai envie de revenir sur les faits pour en extrapoler les conséquences.
Faut-il vraiment que tout soit parfait, lisse et policé, au risque de glisser sur un monde inexistant et de passer à côté de la vie sans rien y comprendre ?
Aujourd’hui je vous raconte pourquoi on a avantage à se frotter à l’imparfait !

Des épines qui font du bien

Lorsque les aficionados des dictées se sont précipités sur celle d’Édouard Baer en cette presque fin de confinement, force est de constater qu’ils ont vite déchanté face au nombre de fautes commises dans leur copie, mettant sur le compte du comédien des erreurs qu’ils n’auraient soi-disant jamais laissé passer normalement.
On peut résumer leurs critiques en trois points : texte lu trop vite, mauvaise diction, pas de liaisons. Bref, Édouard Baer « a fait son show », les a énervés et finalement, « a lu comme un pied » !

Où est le problème ?


Des chiffres et des lettres

Ce que l’on peut dire, et je vous engage à regarder le replay pour vous forger une opinion, c’est que la façon de lire et de dire n’était tout simplement pas académique. Il y avait en effet des variations de vitesse, mais ceci dans la lenteur appliquée de la lecture, les répétitions n’avaient pas toujours les mêmes intonations et Édouard Baer a en effet fait quelques apartés qui, sortant réellement de la dictée, n’amenaient aucune confusion possible. 

Aller vers du positif


Pour bien faire

Un seul exemple : Édouard Baer a parfaitement prononcé le passé simple de la 1ère personne. Pauvre passé simple qu’on cherche à évacuer de l’écriture à tout prix et qu’on utilise si peu oralement, au point qu’on ne sait plus (pas) le prononcer. La subtile nuance de sa position entre le É [e] et le È [ɛ] est un plaisir à entendre lorsqu’elle est ainsi si bien exprimée.
Alors prenons cette dictée comme un excellent exercice, non pas pour s’appliquer à avoir un zéro faute, mais tout simplement pour s’ancrer dans la vie au quotidien. De quelle façon ?

Confrontations multiples


On ne se comprend pas

Revenons sur la vitesse d’élocution, la prononciation, les liaisons et comparons avec ce que nous entendons tous les jours : dans les magasins, dans des interviews, avec ses amis ou les enfants autour de nous, selon les quartiers, les régions, les origines, etc. Est-ce que tout le monde parle de la même façon, à la même vitesse, s’applique à n’élider aucune syllabe, avec un accent identique sur tout le territoire ou dans tous ces lieux ? Non bien sûr. Lorsqu’on est ancré quelque part, on apprend très tôt, en même temps que le langage, à assimiler toutes ces différences autour de soi. Mais dès qu’on sort du cadre, cela devient beaucoup plus compliqué. Qui n’a pas eu des difficultés à comprendre quelqu’un qu’on ne connaît pas ou lorsque les circonstances ne sont pas idéales ? Au téléphone, dans les films, dans la rue, lorsque le cerveau ne traduit pas immédiatement il a fallu tendre l’oreille, s’adapter, interpréter. Ce n’est pas différent ici.

Maintenant, par exemple, parlons anglais. Lorsque j’étais jeune, j’avais un très bon accent littéraire et académique, avec des phrases bien tournées et tous les mots bien prononcés. Et quand je me suis retrouvée à Londres à 14 ans, je n’ai rien compris, j’étais perdue ! Pourquoi ? Parce que les anglais n’avaient sans doute pas appris l’anglais dans la même école que moi, ni de la même façon. Ils ne parlaient tout simplement pas comme moi. Et pourtant, ceux que je côtoyais, en l’occurence ma famille, faisaient de gros efforts, autant pour que je les comprenne que pour qu’eux-mêmes me comprennent. Aujourd’hui, des dizaines d’années après, il n’y a pas si longtemps que je peux suivre des colloques internationaux avec des accents américains, indiens, espagnols et que je comprends les paroles de certaines chansons !

Quelle leçon en tirer ?


groupe personnes bulles

Cette dictée est tout simplement un excellent apprentissage à plusieurs niveaux.
Si l’on ne peut pas comprendre ce qui se dit ou se passe dans plusieurs types de situations, c’est qu’on n’est pas au point et on se retrouve vite sur le banc de touche. L’effort à faire fait partie de l’apprentissage. Le critiquer ou le rejeter revient à s’amputer soi-même d’une évolution positive et indispensable. Et oui, Édouard Baer a minaudé vers la fin de sa dictée, mais cela pouvait aussi participer d’un autre challenge :  savoir ne pas perdre le fil, rester focus et faire la part des choses.
La vie n’est pas un beau livre bien lisse. L’apprentissage se fait aussi au milieu des épines. Mais quand on sait qu’il y en a et qu’on apprend à vivre avec, voire à les utiliser, on a toute les chances de bien s’en sortir.

Et ma dictée ?

Eh bien j’ai fait des fautes bien sûr. Mais j’ai suivi la correction, contente de réviser les règles sur les endroits qui, bien qu’écrits correctement, l’avaient été à l’instinct et avaient soulevé le doute au bout de mon stylo. Se rappeler et comprendre, c’est mieux.
La bonhomie que j’avais fait marcher sur deux M m’a contrariée jusqu’au moment où j’ai appris que les deux versions (avec un ou deux M) étaient admises. Ouf ! Quant au Kilimandjaro, je ne lui ai pas mis de D me disant que le J ferait bien le travail pour deux ! 
N’ayons donc pas peur, frottons-nous aux épines, c’est la meilleure façon de les apprivoiser. Amusons-nous avec les mots, c’est la meilleure façon de les maîtriser. Et remercions ceux qui les manipulent pour notre plus grand plaisir, quelle que soit leur façon de les mâcher !

Ressources

Dictée extraite de Le lion de Joseph Kessel, niveau Brevet des collèges.
https://www.dailymotion.com/video/x7tqg92
À lire pour l’analyse complète et les corrections commentées
https://france3-regions.francetvinfo.fr/normandie/eure/antenne-tous-prets-dictee-mercredi-6-mai-13h45-lumni-francetv-france-3-regions-1824994.html

Info Eduscol
« Cette dictée était conforme aux attendus évalués lors de l’épreuve écrite de français du DNB (Diplôme National du Brevet), mais d’une longueur supérieure à celle proposée à l’examen. Elle a été suivie d’une séquence de correction collective. »
https://eduscol.education.fr/cid141267/classe-de-3eme-tous-prets-pour-la-dictee.html

Crédits photos
Freepik / Designed by master1305 – by studiogstock and by Freepik

Articles associés